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17 octobre 1961 : pourquoi cette photo est accrochée sur le mur de mon bureau

Le 16 octobre 2020
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Le travail de mémoire, des mémoires me tient, nous tient, particulièrement à cœur.  C’est avec une vive émotion que je souhaite rendre hommage ce matin, et désormais nous le ferons chaque année durant le mandat, aux Algériens qui furent  les victimes de la répression policière aveugle alors qu’ils manifestaient pacifiquement le 17 octobre 1961.

Le travail de mémoire, des mémoires me tient, nous tient, particulièrement à coeur.

C’est avec une vive émotion que je souhaite rendre hommage ce matin, et désormais nous le ferons chaque année durant le mandat, aux Algériens qui furent  les victimes de la répression policière aveugle alors qu’ils manifestaient pacifiquement le 17 octobre 1961.

Il y a 59 ans, parmi les milliers de personnes qui se sont mobilisées ce soir d’octobre, la police a ciblé ceux qu’elle voulait mater, faire taire et disparaitre. C’est une suite logique et imparable qui guide la violence d’Etat, où les massacres commis sur le sol de l’Algérie s’appliquent également au sein de la capitale française, en veillant scrupuleusement à cibler toute personne manifestant les attributs physiques d’Afrique du nord.

Ce jour-là, 30 000 algériens manifestaient pacifiquement en différents points de Paris pour protester contre le couvre-feu institutionnel qui leur était imposé à eux uniquement. Ces derniers défendaient leur droit à l’égalité, à l’indépendance et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La répression des forces de l'ordre dirigée par Maurice Papon, alors préfet de police, fut effroyable : 10 000 arrêtés et emprisonnés, entre 200 et 300 morts. Cette France, celle du préfet Papon, celle de la colonisation, n’a qu’une réponse : au pacifisme des manifestants, la dérive meurtrière, l’offensive, les sévices, le massacre. Des manifestants furent tués par balles, des centaines d’hommes et de femmes furent jetés dans la Seine et des milliers furent battus et emprisonnés.

59 ans après, la Vérité est en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, - en particulier la Guerre d’Algérie - non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés.

59 ans après ce crime d’Etat, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, ni dans les horreurs du 17  octobre 1961.

Il y a 7 ans pourtant, François Hollande, Président de la République, a fait un premier pas et a déclaré que "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits." Aujourd’hui et comme les années précédentes, nous demandons une parole claire aux autorités de la République :

A Saint-Ouen, ce 17 octobre sera désormais une date importante pour notre ville. Nous installerons en bord de Seine une plaque rendant hommage aux victimes du 17 octobre 1961.
Le souvenir douloureux des victimes du 17 octobre 1961 qui  désormais doit nous rassembler  en ce tragique 59ème anniversaire est :

  • un hommage
  • un travail de vérité.
  • une ardente incitation à poursuivre notre engagement anticolonial et notre combat contre les discriminations avec détermination.
  • Il est enfin l’une des voies pour lutter contre la remise en cause du pluralisme culturel et les dérives populistes identitaires et pour rappeler qu’une autre manière de vivre ensemble existe.


Un tel acte de mémoire et de reconnaissance est aussi un moyen d’affirmer qu’une pacification est possible, et que notre jeunesse n’a pas à être confrontée à des choix identitaires, mais qu’elle peut au contraire se reconnaitre dans ses racines diverses, dans des sources culturelles plurielles, à rebours d’une assimilation exclusive et asséchante.

Contre le racisme et l’oubli, pour la démocratie et les droits humains.

Je vous remercie.

Karim Bouamrane, Maire de Saint-Ouen

Photo  ©Jean Texier

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